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URBA LATIN ARPILLERAS / L'AUTRE C'EST LE MÊME
exposition du 1er avril au 17 mai 2019 à la FDE (ancien IUFM)
62 Rue Vincent Faïta, 30000 Nîmes, France 

Une nouvelle occasion de découvrir Urba Latin Arpilleras / L'autre c'est le même, réalisé en co-production avec les brodeuses d'El Monte : Mirza Andrade, Malva Contreras, Natalia Daille, Mirta Gutierrez, Fernanda Jara, Maria Olivares, Eliana Ortubia, Iris Ramirez, Emilia Sepúlveda, sous la direction d’Olga Rossel à Santiago du Chili et les oeuvres récentes réalisées à l'occasion de l'atelier créé à Nîmes dans le quartier du Chemin Bas avec les participants au Petit Atelier de Véronique Pinguet-Michel.
Avec en prime, un nouveau texte de Christian Gattinoni (rédacteur en chef de la revue en ligne
www.lacritique.orgà découvrir plus bas...

UN DOUBLE ARTISANAT CRITIQUE DU VOIR
Patrice Loubon entretient un dialogue suivi avec les cultures latino-américaines. Il en expose les principaux acteurs photographes aussi bien dans sa galerie NegPos de Nîmes que dans le festival FotoLimo. Il se situe dans une longue tradition venue des Etats Unis qu’il renouvelle.
La seul présence du photographe sur un lieu , aussi potentiellement chargé d’évènements soit il , est condition nécessaire mais pas suffisante. Avec les photo-essays certains créateurs d’abord américains ont pensé que le facteur durée pouvait apporter remède à cette incapacité à rendre compte.
Dans les années 1980 quelques ex-reporters français ont remis en question leur posture et leur pratique pour établir de nouveaux rapports avec les personnes à qui ils ont donné un statut moins passif à travers la photographie négociée
Plus récemment les attitudes documentaires se sont rénovées, certains les ont rendues critiques selon l’essai de Philippe Bazin et d’autres fictionnelles comme nous tentons de le montrer avec le GRAPH Cmi à Carcassonne.
Patrice Loubon fait partie de cette double lignée. Sa pratique, liée au voyage, se décline d’abord en street photography. Il en connaît les limites. Non seulement le rectangle du viseur est trop étroit pour y inscrire le flux urbain mais malgré la richesse des couleurs la scène fige les corps en simples postures. Pourtant peu d’images sont centrées, les figures humaines seules ou à deux sont justement réparties dans l’espace. Si elles sont cernées c’est par les écritures de cette ville générique – des cités de Santiago du Chili, Quito et Mexico.
Dans l’histoire du médium les liens au tissu sont quasi inexistants, le plus souvent liés au féminin : rares collages mixtes des ladies britanniques fin XIXe siècle, et plus récemment photos cousues de Sandrine Arakelian, Carole Benitah ou Ulla Jokisalo. Pour Patrice Loubon la collaboration se fait en tant qu’homme non avec une femme seule mais avec un groupe constitué, les brodeuses chiliennes des arpilleras. Ce choix militant remet plus encore en question la primauté de l’auteur. L’intervention tissée apparaît autant comme un acte critique de la notion d’image que comme une de ces créations mixed media que l’on connaît sous des doubles signatures Gilbert and George, Pierre et Gilles ou Botto e Bruno.
On peut également rapprocher cette pratique de celle d’une artiste régulièrement représentée par Negpos, Miguelina Rivera. Née en 1974, cette artiste dominicaine a recyclé l’art populaire caribéen des “pellizas”. Si ce n’est que les fragments d’une image reconstituée constituent une nouvelle totalité façon puzzle. La force des Urba Latin Arpilleras est de laisser à chaque support son espace de monstration propre, sans vouloir constituer un diptyque, ni un collage. Au spectateur d’exercer son regard critique différentiel pour expérimenter les potentialités de ce double artisanat du voir.

Christian Gattinoni
 

 

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